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Jehanne

Scène 2: Vérification de la virginité.

Tous les personnages ont disparu. Sauf les narrateurs qui ne bougent pas jusqu’au couronnement. Et sauf Yolande et Jeanne.

 

L’Anglois: Après la Cour des Miracles de pacotille, Charlinette envoie sa belle-doche pour vérifier la pureté de la morpionne.

 

Yolande d’Aragon, gênée: Jehanne ? Je suis dépêchée par mon gendre pour … tenir une assemblée virginale.

Jehanne: Si c’est sa volonté. Je suis prête à prouver mon état de grâce.

Yolande d’Aragon: Mets ce drap autour de toi pour masquer à la Providence ton intimité. Un silence. Je ne peux te cacher mes espoirs de te voir triompher, je ne peux te dissimuler mes peurs de voir la France disparaître définitivement sous l’influence anglaise. Je meurs de trouille mais en ta présence je respire la lumière divine qui jaillit de toi. Je ne sais comment ni pourquoi, toutefois la vision de ton aura dorée remplit de joie mon cœur fatigué.

Jehanne: C’est moi qui devrais être impressionnée. Vous êtes la Reine aux quatres Royaumes. Une femme digne, cultivée et généreuse. Sans votre charité et votre diplomatie nous n’aurions pas pu résister face aux mangeurs de haricots. Sainte Marguerite me parle de votre dévotion depuis que je vous ai vue. Elle me dit que vous avez gagné un cinquième Royaume, celui du ciel.

 

Yolande d’Aragon: J’en tremble. Qu’est-ce qu’un pays sans allégorie ? Je prie la Trinité pour que le peuple et les soldats aient la même ferveur que la mienne à tes côtés. Si seulement je pouvais faire quelque chose pour toi, pour t’aider à devenir un symbole unificateur et éternel. Une épée ?

Jehanne: J’en ai une, désignée par Sainte Catherine. J’ai envoyé mes frères la chercher dans la chapelle de Sainte-Catherine-de-Fierbois. Mais pour guerroyer il me faut un étendard. Blanc représentant le divin. Semé de 16 fleurs de Lys. Jésus assis sur un arc en ciel, vainqueur entouré de deux anges à genoux. Et sur lequel il est écrit ‘JHESUS MARIA’. Une fois mon emblème obtenu, je pourrai enfin mener à bien ma mission. Je me vois déjà l’étendard en main, enchaîner victoire sur victoire. Et parfois le confier à un homme de douceur et de sagesse.

Yolande d’Aragon: Tu l’auras ton étendard ! Je te le promets ! Zut ! Je vois bien dans tes yeux que tu es pure. Je n’ai pas besoin de vérifier.

Jehanne: Je suis vierge et pucelle. Cependant, vous devez obéir à notre gentil souverain. Faites donc. Ce n’est qu’une insignifiante épreuve comparé à ce qui m’attend.

Yolande d’Aragon, au public après un bref coup d’oeil: Un miracle s’est accompli. L’angelot de la prophétie est en ce logis.

Fin de la scène. 

Résumé des 50 pages:

Dans ma version de Jehanne, vous découvrez la Sainte Patronne de la France à travers le regard d'un Anglais et d'un Bourguignon, ennemis des Français pendant la guerre de cent ans. Au fil des pages, vous rencontrez une Jehanne sensible souvent, humaine, drôle, orgueilleuse par moment, découragée quelques fois mais toujours sincère. En somme, la jeune fille qu'elle était certainement. Vous ferez également la connaissance de personnages tous historiques, qui étaient les compagnons d'armes de notre héroine nationale. Tout ce petit monde, avec leur caractère bien trempé nous donne une pièce de théâtre basée sur un pan de l'Histoire de l'Europe, avec quelques légères libertés d'écriture et d'interprétations. 

Extrait 2 : Scène 9: Le Banquet (passage coupé).

Gilles de Rais, à Charles: Vous êtes enfin élevé sur le pavois. Allons au chemin du roi. Je vous offre, Majesté, un festin digne de votre rang. Aux autres. Mettons la table. Au public. Serfs et Vilains, asseyez-vous pendant que nous faisons bonne chair. Quoi de mieux que la ripaille ? Les femmes peut-être ?

Louis de Culant, à Gilles: Le vin et la cervoise !

Gilles et Louis, chantent: Chantons et buvons. Pour notre Roi. Chantons et buvons. Contre l’Anglois. Qu’Il est difficile de choisir Ce qu’une dame peut nous offrir entre battre le velours ou chasser au conil. Ivresse, peu nous chaut Biscotter, esnuer, S’escambiller, coqueliquer. Tout cela bien au chaud. Chantons et buvons. Pour notre Roi. Chantons et buvons.

Notre pièce de théâtre ne commence pas au village Natale de Jeanne d’Arc. La première raison est que j’ai trois autres projets d’écritures sur la Pucelle dont un qui commence par sa naissance. La seconde raison est que c’est à Chinon que Jeanne devient Jeanne. 

Extrait 2 : Scène finale ( passage coupé).

L’Anglais: L’Histoire n’est pas ce qu’elle paraît être. Elle est tellement plus complexe. Tellement plus épouvantable. La vanité et la fatuité de ceux qui ont influés dans cette épopée, ont esquissé le destin de Jehanne. Le venin et le fiel de ceux qui sont entrés en jeu, ont portraituré la même personne. Il y a eu devant vos yeux des gages d’inhumanité en trop grand nombre. Attention, vous ne connaissez pas les actions répercutantes de l’ombre, poussées par la quête de pouvoir et d’argent. Venants également de l’entourage de Jehanne. J’oserai m’hasarder à vous citer plusieurs de ces exécrables futilités. En commençant par son père et ses trois frères qui ont voulu la noyer avant que son nom ne leur rapporte capital et titre de noblesse. Puis de ses compagnons, peu loyaux. Tel que Dunois mécontent que Charles VII ne sauve pas son frère prisonnier, griffonne une conspiration tramée par La Trémoille, avant de lui redevenir fidèle. Tel que le Comte de Richemont qui est toujours du côté des gagnants et retourne son tabard au besoin. Tel que Raoul de Gaucourt qui, après un vote, organise la bataille d’Anthon au lieu d’essayer de sauver Jehanne. D'autres exemples ? Gilles de Rais attaquant et dépouillant Yolande d’Aragon et son convoi allant en Bretagne. Ou bien, Richemont, Yolande d’Aragon et la Trémoille qui amènent, arrêtent de force, et jugent rapidement Pierre II de Giac avant que cette Trémoille ne l’enferme dans un sac pour le jeter dans la rivière. Jean de Brosse en profite pour épouser sa veuve Jeanne de Naillac. Puis la Trémoille et Richemont se font la guerre. Mon préféré. La Trémoille a même enfermé Jehanne dans son château avant qu’elle ne s’en échappe. Je m’arrête ici, bien que j’ai encore de pesantes anecdotes dans la poche. Je vous le demande, et répondez moi en toute bonne foi. Qui d’eux ou de Jehanne folâtre ? Qui sont les véritables idolâtres ? Ne nous faussons pas. L'hostilité, l’animosité et l’aversion n’ont guère uniquement de ‘earl grey tea’ dans les veines. La preuve avec les Rouennais, avares de leur piécette qui ont exigé de voir un brûlant spectacle. Instrumentalisée par les pervers et les vicieux. Que sont devenus toutes ses glorioles ? Elles ont rejoint le néant. Tant qu’à Jehanne, elle demeure dans les mémoires. Aurions-nous pu détourner cette enfant de son calvaire ? Si une véritable unité avait été vivante. Si nous n’avions pas gaspillé le temps pour des querelles de bas étages. Si on avait de tout coeur cru en elle. Dieu seul sait. La morale de ce conte véridique est que nous avons tous du sang de Jehanne sur les mains. 49

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